Interview : Natalia, cardiologue parle de son métier

20/09/2016 7 minutesPartager sur

interview cardiologue Natalia Kpogbemabou

Aujourd’hui, rencontre avec le Dr Natalia Kpogbemabou cardiologue à l’hôpital de Wattrelos et membre de la Fédération française de Cardiologie (FFC), qui nous parle de son métier découvrez l’interview !

 

Pouvez-vous expliquer aux jeunes en quoi consiste le métier de cardiologue ?

Je suis médecin cardiologue, spécialisée dans les maladies cardiovasculaires. Je me suis plutôt orientée vers les maladies vasculaires et la réadaptation cardiovasculaire. Je m’occupe donc essentiellement de patients atteints de pathologies cardiaques (maladies avérées, victimes d’infarctus…) ou possédant de nombreux facteurs de risques cardiovasculaires afin de dépister les maladies avant qu’elles ne surviennent.

 

Et concrètement, si vous deviez décrire une journée type ?

Chaque journée est différente, je rencontre de nombreuses personnes, c’est un métier très enrichissant. Pour ma part, en tant praticien en hôpital, je commence le matin avec des visites médicales de personnes hospitalisées et qui doivent être vues tous les jours. Cela prend une demi-journée, le temps de voir tous les malades et régler les différents problèmes. L’après-midi je fais des consultations, je me retrouve donc avec des personnes malades mais pas forcément, cela peut être des gens qui viennent pour un dépistage ou pour poursuivre une activité physique et qui ont donc besoin d’un test d’effort, il y aussi d’autres examens complémentaires comme les échographies cardiaques ou les électrocardiogrammes…. Pour résumer, je fais des visites médicales le matin et des consultations et des examens complémentaires l’après-midi.

 

Quel a été votre parcours pour devenir cardiologue ?

Je n’ai pas toujours voulu être cardiologue, en se lançant dans la médecine on ne se rend pas forcément compte de ce que représente dix ans d’études. Il y a tellement de spécialités que chacun peut trouver sa voie pendant le cursus. J’ai fait un parcours classique à savoir un bac S puis je suis allée à la fac de médecine de Poitiers, j’y ai fait 6 ans dont la première année de concours avec le numerus clausus et le concours national en 6eme année où l’on choisit sa spécialité selon son classement, puisque certaines spécialités et certaines villes sont plus prisées que d’autres.

Les études de médecine laissent beaucoup de place à la pratique, dès la 1ere année, après le concours, il y a un stage à effectuer à l’hôpital pour commencer à connaître le milieu. On n’est pas médecin tout de suite, on commence les premiers stages comme aides-soignantes puis infirmières.

Pendant les 3 premières années il y a beaucoup de théorie mais ensuite, à partir de la 4eme année on devient externe et là ( à la fac de Poitiers) je faisait une demi-journée à l’hôpital et une demi-journée en cours. En 6eme année, une fois le concours de l’internat passé, on devient interne. La durée est variable selon la spécialité: 3 ans pour devenir médecin généraliste, 4 ans pour la spécialité cardiologie et d’autres spécialités durent parfois 5 ans. Personnellement, j’ai fait un parcours à rallonge, pendant mon internat à la faculté de Lille en spécialité cardiologie. J’ai pris une année pour faire un master 2 en physiologie cardiaque à Paris, j’ai donc fais cinq ans au lieu de quatre. Une fois interne, on a plus beaucoup de pratique, on est à l’hôpital du matin au soir, on fait beaucoup de visites médicales, on est au lit du patient, on va parfois au bloc opératoire et on apprend à faire les examens complémentaires. Une fois l’internat terminé, on a la possibilité de s’installer en libérale ou de travailler à l’hôpital et de faire un assistanat ou un clinicat pour ce sur-spécialiser c’est-à dire apprendre des techniques particulières, par exemple les cardiologues peuvent faire de la coronarographie, (c’est un examen qui permet d’aller voir directement les artères du cœur) ou devenir rythmologue ( s’occupe déposer les pacemakers, des défibrillateurs….). Moi, je me suis spécialisé en vasculaire donc plutôt les vaisseaux dans leur globalité pas uniquement au niveau du cœur.

Quelles qualités faut-il pour exercer le métier de cardiologue ?

Pour ma spécialité, la cardiologie, on reçoit des gens malades qui peuvent avoir subi des infarctus ou de grosses interventions cardiaques. Ils sont un peu chamboulés, on les voit après tous ces évènements aigus où ils ont été pris en charge parfois en urgence. Moi je les accueille, on essaie de débriefer un peu, expliquer ce qu’il faut faire ou pas faire pour éviter la récidive. Il faut aussi s’occuper de la remise en forme parce qu’après des jours d’hospitalisation, ils ne sont pas forcément au meilleur de leur forme et ont peur de refaire de l’activité physique. Ils pensent que le cœur est fragile et qu’il ne faut surtout plus bouger alors qu’au contraire, le sport est bénéfique, il faut simplement ne pas en faire n’importe comment, surtout pour les maladies cardiaques. J’agis vraiment dans la prévention de la récidive de l’évènement cardiaque. Je pense donc que dans ce genre de situations auxquelles le cardiologue est confronté, il faut beaucoup d’empathie, comprendre l’autre et l’écouter. Mais le métier nécessite aussi beaucoup de rigueur, puisqu’on a quand même la vie de quelqu’un entre les mains. On doit constamment se remettre en question, lire et travailler car la médecine évolue, ce qu’on a appris lors de nos études il y a 10 ans n’est plus toujours valable, il faut être à la page. On ne s’arrête jamais vraiment d’étudier la médecine, il faut donc être passionné par ce qu’on fait.

 

Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier ?

La pluralité, le métier est varié et chaque personne est différente, même si elles viennent toutes pour des problèmes cardiaques, on voit une personne dans sa globalité. Un infarctus, tout le monde ne va pas le vivre pareil. On fait donc aussi beaucoup de psychologie, j’aime vraiment ça je suis beaucoup dans la prévention et l’écoute. Il faut savoir expliquer et écouter, par exemple dire pourquoi il faut prendre tel ou tel médicament, si les gens comprennent ils seront plus enclins à le faire efficacement.

 

Si vous aviez une chose à changer, ce serait quoi ?

J’aimerai que la prévention soit plus mise en avant et valorisée, faire de la prévention c’est faire de l’éducation thérapeutique auprès du patient, c’est-à-dire que le patient devient acteur dans sa maladie et n’est plus passif, c’est quelque chose d’assez chronophage on ne peut pas le faire en une demi-heure comme la pose d’un pacemaker. Il faut plusieurs séances d’éducation thérapeutique ça peut prendre énormément de temps, car il faut adapter son discours selon la personne et ce n’est pas propre à la cardiologie. Si la consultation d’éducation thérapeutique était plus valorisée je pense que les médecins prendraient plus le temps d’expliquer. Une consultation de dix minutes ou d’une heure est payée pareil et on est payé à l’acte (consultation, électrocardiogrammes, pose d’un stent) donc ça n’encourage pas les médecins à prendre leur temps pour faire de la prévention et de l’éducation thérapeutique. C’est vrai qu’en prévention on a du mal à avoir des résultats concrets, et surtout ces résultats se voient en général plus sur du long terme, alors que quand on pose une pile par exemple, on sait que le bénéfice est immédiat.

 

Une anecdote à nous raconter ?

Une anecdote spécifique à ma spécialité pas vraiment mais en ce qui concerne la médecine en générale, c’est vrai que c’est un métier qui compte beaucoup d’hommes, même si c’est en train de changer dernièrement, mais ce qui me fait rire c’est quand je fais une consultation avec un patient pendant un quart d’heure, je lui explique, discute et au moment de quitter la salle il demande «Et le médecin il passe quand ?». Certaines personnes, surtout âgées ont encore du mal à se dire qu’une jeune femme puisse être le docteur.

 

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut faire votre métier ?

Il ne faut pas forcément être surdoué, très intelligent, avoir eu mention très bien au bac. Il faut surtout être bosseur, motivé et avoir une bonne capacité de mémorisation et ça, ça se travaille c’est essentiel.En ayant eu son bac au rattrapage, si vous vous y mettez, que vous êtes motivé et que vous bossez vraiment vous pouvez y arriver mais quand je dis bosser, c’est bosser ! Même si certains peuvent avoir des facilités, de manière générale, il faut énormément travailler surtout en première année ainsi que pour la préparation du concours de 6eme année. »

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