Interview éleveur : Thomas vous parle de son métier

28/07/2016 4 minutesPartager sur

Mis à jour le 24.09.2021

Thomas est éleveur de brebis et te parle de sa formation et de son métier en plein air. Découvre ci-dessous notre interview sur le métier d’éleveur de brebis :

éléveur de brebis

En quoi consiste ton métier ?

Je suis éleveur à un quart d’heure d’Auch, dans le Gers. Eleveur de brebis pour la viande, je possède environ 200 brebis, en espérant en avoir 300 ou 400 bientôt. Selon moi, être éleveur est un métier de soin des animaux : on doit se soumettre aux besoins des animaux, et ce sont eux qui rythment nos journées. Le bon fonctionnement de votre ferme dépend du soin que vous mettrez à vous occuper d’eux. Il faut donc vraiment apprécier cette relation avec le monde vivant.

C’est un métier exigeant, et je dirais qu’il faut avoir connu ce milieu assez tôt pour pouvoir le comprendre et le vivre facilement. Ce qui fait sens pour moi, c’est la relation avec le monde vivant. Nous, les humains, sommes partie intégrante de ce monde vivant, et je me sens plus libre dans ce métier que dans les autres métiers que j’ai pu exercer auparavant : je me sens vraiment à ma place.

Quelles sont tes tâches au quotidien?

Mes tâches se répartissent en plusieurs catégories :

Soigner des animaux : sans être vétérinaire, il faut quand même pouvoir prendre soin de ses animaux au quotidien, car on ne peut pas appeler le vétérinaire au moindre petit problème, tant d’un point de vue financier qu’organisationnel.

Nourrir les animaux : et pour cela, il faut connaître les besoins alimentaires des animaux, en fonction de leur état de santé, de leur âge, etc…

Connaître le monde végétal : là aussi pour ne pas dépendre de l’extérieur. J’ai mes propres prairies, où je ne produis que de l’herbe : fauchées et stockées en bâtiment (pour les périodes ou les animaux sont en intérieur), ou en parcelle à l’extérieur directement. 

Et dans ce cas, je fais de l’élevage « tournant » : tous les jours, je déplace les animaux d’une parcelle à une autre (retour sur une même parcelle tous les 20 jours ou 30 jours selon les saisons).

Connaître la mécanique : on travaille avec des grosses machines qui coûtent cher, et il faut savoir faire quelques réparations soi-même; et savoir aussi les piloter bien sûr !

Gérer l’administratif : déclarations légales, gestion de la TVA, comptabilité (même si je suis aidé par un cabinet comptable), demandes d’aides et de subventions, stratégie fiscale, etc…

Quel a été ton parcours pour devenir éleveur de brebis ?

J’ai d’abord suivi une formation de berger pour devenir berger d’alpage, et aider les éleveurs déjà installés. Puis, j’ai fait un BTS production animale, dans lequel les cours sont plus axés sur le conseil. A ma sortie, j’ai travaillé dans le monde de la coopération (dans des coopératives d’élévage). Et puis, je me suis dirigé vers une formation d’ingénieur agronome à Toulouse. J’ai intégré une petite entreprise qui faisait du conseil sur la mise en oeuvre des politiques publiques à Toulouse. Et j’ai décidé de retourner vers l’agriculture et cela fait maintenant 2 ans que je suis éleveur de brebis.

Faut-il un talent particulier pour exercer ton métier ?

Il y a une grosse charge de travail, qu’il faut donc pouvoir gérer et supporter. Même si le travail est vraiment une notion importante dans le domaine paysan, valorisée différemment que dans le monde du travail « classique ». On prend également très peu de vacances.

Pourquoi aimes-tu ton métier d'éleveur ?

Le fait de travailler dans un environnement naturel : c’est pour moi très important et c’est ce qui me donne envie de me lever le matin et de travailler tous les jours.

Si tu avais une chose à changer dans ton métier, ce serait quoi ?

Changer les politiques agricoles pour qu’on puisse faire notre métier en divisant par deux notre outil de travail, c’est-à-dire la surface cultivée ou d’élevage. Les politiques agricoles ont poussé à l’industrialisation et au gigantisme, et les structures sont de plus en plus difficiles à gérer et sont de moins en moins transmissibles. Je travaille sur 60 ha et j’aimerais plutôt pouvoir me consacrer à 30ha. Le fait de pousser toujours à plus de productivité a des effets néfastes, et on s’en rend compte aujourd’hui.

Ton conseil à un.e jeune qui voudrait devenir éleveur.se de brebis ?

Prendre son temps avant de s’engager dans ce métier permet de mieux connaître tout ce que cela implique, tant au niveau professionnel que personnel.

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