Au coeur de la forêt avec Ludovic de la FPLG !

16/11/2016 6 minutesPartager sur
Mis à jour le  24.09.2021

Les ours ne te font pas peur ? Ludovic, technicien forestier et Directeur de la FPLG (la Forêt privée Lozérienne et Gardoise) te raconte comment il en est arrivé là, son parcours scolaire et comment ça se passe au quotidien.

Les ours ne te font pas peur?

Peux-tu expliquer aux jeunes en quoi consiste ton métier ?

Le technicien forestier est un professionnel qui intervient en forêt privée ou publique pour accompagner la mise en gestion de la forêt.  La forêt est un milieu naturel pour le grand public. Mais nous, professionnels,  allons considérer que c’est un milieu qui a comme première vocation de produire du bois à destination des marchés de transformation. Ce bois, une fois transformé, servira donc pour tous nos objets du quotidien, des meubles, du papier, des palettes. 

Le technicien forestier, dans le cadre d’une intervention en forêt privée doit comprendre le souhait du propriétaire, connaître la capacité de production d’une forêt (ne pas la surestimer ou la surexploiter) et comprendre le milieu dans lequel croît cette forêt. A l’inverse de l’agriculture, en milieu forestier, nous utilisons très peu d’intrants (pesticides, fongicides, engrais), nous travaillons exclusivement avec la capacité du sol, l’arrosage naturel et l’éclairage naturel. Il faut bien comprendre l’ensemble de ces paramètres pour pouvoir améliorer la qualité et la quantité de bois produit à l’hectare, tout en restant très modeste puisque la production d’un arbre en terme de récolte est bien plus longue que la vie d’un homme.

Et concrètement, si tu devais décrire une journée type ?

Nous avons des activités types, mais pas de journée type. Il y a des récurrences sur l’année, mais aucune journée ne ressemble à une autre. Nous ne commençons jamais à la même heure, puisque nous travaillons en fonction des saisons, du taux de luminosité et de la météo. Côté activités, nous avons des journées très diversifiées : il y a du suivi de chantier, de la programmation de chantier, de l’organisation de gestion, du conseil aux propriétaires, des comptes-rendus d’expertises, etc…

Quel a été ton parcours pour y arriver ?

Personnellement, je suis passé par les filières professionnelles, maheureusement, souvent décrites comme « voies de garage ». Je considère que la filière pro attend du jeune qu’il ait déjà une certaine mâturité dans son choix de métier. Très tôt, j’ai su que je voulais travailler dans le milieu forestier, mais je ne savais pas sous quelle forme. Je suis passé par ce qui était à l’époque un BEP brevet technicien agricole, qui est maintenant un bac pro. C’est globalement cette même voie pro qui a été empruntée par la plupart des travailleurs du secteur.

Quelles qualités faut-il pour être technicien.ne forestier.ère ?

La qualité première, c’est l’autonomie. C’est un métier particulier puisque nous sommes à la fois à l’initiative d’un projet et à sa conclusion. Sur nos métiers, dans le cadre des forêts privées, la personne qui va initier la coupe ou les travaux est la même que celle qui va solliciter les entreprises, effectuer le montage financier, etc… Donc, il faut de l’autonomie et de la rigueur. Ensuite, il y a un aspect souvent négligé dans les formations, et pourtant capital en forêt privée, c’est la communication. En effet, il peut y avoir des propriétaires qui sont néophytes dans tout ce qui est univers forestier et la communicaiton peut alors être plus complexe.

Pourquoi aimes-tu ton métier ?

Le rapport au métier entre un débutant et quelqu’un qui a de l’expérience n’est pas le même. Moi, ce que j’aime, au-delà de la diversité, c’est que j’ai pu faire évoluer ce métier. Entre le commencement de mon activité dnans les années 2000 et maintenant, ce métier a évolué sur des axes intéressants. Concrètement, on a pu développer des activités de services qui n’existaient pas avant.

Si tu avais une chose à changer dans ton métier ?

Nous sommes sur des métiers qui sont soumis au renouvellement de la PAC (Politique Agricole Commune) dans lequel il y a une partie consacrée à la forêt. Cette partie va déterminer les aides disponibles etc… Et je trouve qu’il y a un recul de l’investissement, de la dynamisation économique, sans parler des subventions, mais plutôt d’accompagnement économique des politiques territoriales, à savoir la Région, l’Etat et l’Europe.

La deuxième complexité dans ce métier, ce n’est pas l’orientation environnementaliste qui est prise depuis le début des années 2000, c’est plutôt la superposition d’un ensemble d’enjeux environnementaux et de contraintes administratives qui fait que nous avons des territoires « gelés », sur lesquels on ne peut pas intervenir. La maîtrise de ces notions est parfois très floue pour ceux qui nous les transmettent. Parfois, certains services administratifs peuvent omettre que sur la zone sur laquelle on travaille, il peut y avoir un zonage. Celui-ci peut être lié à la prévention incendie ou inondation, un zonage lié au réseau, qui se superpose à un zonage lié à la circulation des eaux et ainsi de suite. On se retrouve parfois avec une sorte de « hamburger » administratif qui est peut-être contraignant et souvent complexe à appréhender.

Une anecdote à raconter aux jeunes ?

J’ai le souvenir de l’émotion que m’a procurée mon premier chantier. C’était dans une peupleraie. j’avais le propriétaire à mes côtés, que j’avais conseillé sur le mode de gestion, en face de moi, le client à qui j’allais fournir le bois récolté et les prestataires sur place, en train de récolter le bois. Ce qui est intéressant, c’est ce moment qui incarne concrètement une action, que vous avez menée de bout en bout en solo. Tous vos appels, vos conseils, vos contrats … soudainement, tout le monde se retrouve sur cette même parcelle et c’est vous qui avez été la charnière entre l’ensemble de ces protagonistes.

Voir l’aboutissement de ce qu’on fait et se dire qu’on a donné du travail à des prestataires, qu’une personne va mieux gérer sa parcelle, que vous avez fourni vos matières premières à un client et savoir que cette parcelle sera physiquement modifiée et que cette action fera partie de son histoire. Tout cela est finalement assez gratifiant.

Tes conseils à un.e jeune qui veut faire technicien.ne forestier.ère ?

Les personnes motivées ne doivent pas hésiter à se lancer dans un bac pro ! Plutôt que de ne pas se lancer sous prétexte que ce serait une « voie de garage ». De plus, lors du cursus, il y a une phase qui peut être parfois plus décourageante à savoir toute la partie stages et école. Puisque tout ce qui est dit dans le milieu scolaire et ce qui est exprimé en entreprise peut parfois être en parfaite opposition. Il faut donc avoir confiance en soi et une détermination à toute épreuve. Garde foi en ta passion !

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