Maïeuticien, Nicolas est sage-femme au masculin

06/07/2018 6 minutesPartager sur

Les hommes, appelés maïeuticiens, ne représentent que 3% des effectifs. Nicolas Dutriaux, en fait partie. Sage-femme libérale, riche d’une expérience de 11 années, ce papa de deux jeunes enfants nous en parle avec passion.

nouveau né

 

En quoi consiste exactement votre métier de sage-femme ?

C’est une profession médicale à part entière, spécialiste de la santé sexuelle et reproductive des femmes dans toutes ses dimensions (médicales et psycho-sociales). Comme les médecins et les dentistes, elle est donc régie par le code de la santé publique et le code de déontologie des sages-femmes.

Spécialiste des grossesses non pathologiques, elle suit les femmes enceintes dès le diagnostic jusqu’au jour de l’accouchement qu’elle assure seule dans 85% des cas. Elle va, pendant neuf mois, veiller au bon déroulement de la grossesse, prescrire et effectuer tous les examens, s’assurer de la prévention et de la préservation de la santé, voire même animer des séances de préparation à la naissance et à la parentalité.

Après, le temps de l’hospitalisation, elle assure le suivi de la jeune maman et de son bébé. Un moment où elle va être là aussi pour conseiller sur l’allaitement, l’hygiène et la sécurité du nouveau-né.

nicolas portrait maïeuticien« Mais ses compétences ne se limitent pas à la grossesse. »

Elle peut également assurer le suivi gynécologique à long terme des femmes de l’adolescence à la ménopause, même au-delà comme les dépistages des cancers gynécologiques s’intensifient avec l’âge.

Prescrire un contraceptif, poser un stérilet ou un implant, accompagner dans les dépistages du cancer, procéder à une IVG médicamenteuse, autant d’actes auxquels elle est confrontée tous les jours, surtout quand elle exerce en libéral ou en centre de planification.

Quand on est un homme, comment trouver sa place dans ce secteur médical réputé pour être plutôt féminin ?

Il faut bien sûr s’investir pleinement, faire ses preuves et l’on trouve naturellement et finalement sa place.

« Le fait d’être un homme, passé le premier effet de surprise des patientes quand elles arrivent à l’hôpital, est souvent un sujet de conversation qui détend l’atmosphère. »

Quelles sont les compétences humaines et techniques requises pour l’exercer ?

Nous exerçons dans l’accueil de l’être humain. Cela exige donc de la bienveillance et de la disponibilité pour accompagner nos patientes dans leur projet de vie. Il faut bien sûr être tolérant pour arriver à le faire sans les juger, tout en restant rigoureux et sérieux dans la pratique. Notamment quand il s’agit d’un accouchement, de la pose d’un moyen de contraception ou d’une échographie.

Comment êtes-vous arrivé dans ce domaine du médical ? Et quelle formation avez-vous suivi ?

Initialement, je souhaitais être médecin, avec comme préférences la chirurgie, l’anesthésie et la gynécologie.

« J’ai beaucoup hésité, après mon redoublement de fin de première année, entre médecine et sage-femme, qui venait de rejoindre cette voie de recrutement (PACES, ex-PCEM1). Je n’ai finalement pas eu le choix de par mon classement définitif… Je ne regrette absolument pas ! »

Le côté pluridisciplinaire de la profession, son aspect transprofessionnel et son approche médicale regroupait tout ce que j’aimais. De plus, savoir que j’allais m’occuper de personnes généralement en bonne santé et travailler sur le préventif plutôt que sur le curatif, m’a définitivement convaincu.

J’ai donc réussi le concours et intégré une école agrée en quatre ans, reconnue bac+5 avec l’année du PACES, qui délivre le diplôme d’état de sage-femme.

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Pourquoi aimez-vous ce métier de sage-femme ?

La diversité de la profession, l’approche psycho-sociale et médicale des patientes, la proximité que l’on crée avec les familles sous toutes ses formes… Je suis là pour répondre à leurs besoins de santé avant tout et, quand il y a une pathologie, pour les orienter vers un médecin spécialiste.

Dans cet univers quelles sont les possibilités d’évolution ?

Les perspectives d’évolution sont multiples et variées.

Pendant toute sa carrière, on peut passer des diplômes pour continuer à se former à l’échographie, au suivi des grossesses à risques, à la médecine fœtale, à la sexologie… Ou encore se tourner vers des médecines complémentaires comme l’homéopathie ou l’hypnose.

Il est également possible de poursuivre vers des masters de management, de santé publique ou de recherche afin d’accéder à des postes d’encadrement, ou d’enseigner dans des écoles, ou encore de poursuivre vers une voie doctorale afin de développer la recherche en maïeutique en plein essor.

Les modes d’exercices sont aussi variés : dans tous les services en lien avec la périnatalité en structure hospitalière (y compris en Procréation Médicalement Assisté par exemple), en libérale, en centre de planification et en centre de Protection Maternelle et Infantile.

Est-ce une fonction qui vous amène à vous déplacer ?

Comme je me rends souvent au domicile de mes patientes, je suis amené à circuler dans la périphérie de ma ville. En région parisienne, on fait rarement de longs trajets, en province en revanche les kilomètres s’accumulent. A ce sujet, il paraît indispensable d’avoir son permis de conduire quand on exerce en libéral en dehors des grandes agglomérations urbaines.

En début de carrière de sage-femme, combien gagne-t-on en moyenne ? Et le salaire est-il exponentiel ?

« A l’hôpital, on débute avec un salaire de 2000 € brut (auquel s’ajoutent les maigres primes pour travail de nuit ou de dimanche). »

Puis, en fonction de son évolution et de son grade, il est possible d’atteindre environ 4 500 € pour les coordonnateurs en maïeutique en toute fin de carrière.

En libéral pour gagner 2 000 €, en ayant enlevé toutes les charges, il faut travailler entre 50 et 70 heures par semaine. Certaines sages-femmes ne pouvant exercer que 32 à 35h par semaine (par choix ou par surcharges d’installations dans certains territoires) gagnent à peine l’équivalent du revenu minimum malheureusement.

Question horaires, comment concilier au mieux vie professionnelle et vie privée ?

Manque de personnel, dans le public comme dans le privé, charges importantes en libéral, le rythme est soutenu et les horaires chargés quel que soit le mode d’exercice.

Quand on est en couple avec quelqu’un qui a des horaires classiques, c’est bien souvent elle qui assure une part importante du quotidien et la prise en charge des enfants – la nuit notamment. Mon épouse est également sage-femme, alors on alterne.

Un jour sur deux l’un part et rentre tôt, l’autre part et rentre tard. Entre les week-ends, les soirées et les vacances, on arrive à se retrouver en famille. Si la quantité n’est pas toujours au rendez-vous, la qualité y est. Mais pour pouvoir déconnecter, il faut aussi savoir de temps en temps dire stop aux sollicitations constantes des patientes, surtout de par la proximité que l’on peut développer avec elles en libéral.

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