« Les filles, foncez ! Ce métier est ouvert à tous, il n’y a aucune appréhension à avoir. » Carine, contrôleuse aérienne (ENAC)

29/11/2017 6 minutesPartager sur

Carine fait partie de la communauté #LesIntrépides, ces femmes qui évoluent dans des secteurs qui manquent des talents féminins !

carine

Pouvez-vous expliquer aux filles en quoi consiste votre métier ?

J’ai travaillé comme contrôleuse aérienne pendant 13 ans dans la tour de contrôle d’Orly. Etre contrôleuse aérienne, c’est travailler en équipe pour assurer de façon sûre et efficace l’écoulement du trafic aérien. C’est donc gérer des avions sur la plateforme, qui roulent vers la piste, décollent, s’en vont et tous ceux qui arrivent, passent par le secteur d’approche, se posent et vont jusqu’à leur poste de stationnement. Il y a 6 équipes qui travaillent à tour de rôle, et quand on est contrôleuse aérienne, on est donc rattaché à une équipe. Les équipes se relayent tout au long de la semaine, jours fériés, samedi et dimanche inclus, jour/nuit aussi.

 

Avez-vous une journée type ?

Pas vraiment, en fait, on enchaîne une matinée, une journée et une nuit qui sont suivis de jours de repos.  Nous travaillons en binôme, nous alternons, c’est ce qui est intéressant, nous ne nous ennuyons jamais car toutes les heures, nous changeons de position de contrôle. Nous alternons nos rôles, nous sommes soit contrôleur à la fréquence, responsable des communications avec les pilotes, soit assistant de notre collègue qui est à la fréquence, et nous passons des coups de fil en faisant des coordinations et en l’aidant à écouler le trafic.

 

A quel moment avez-vous su que vous vouliez exercer ce métier de contrôleuse aérienne ?

J’ai voulu faire ce métier quand j’étais en classe prépa. Je me suis demandée dans quelle école je pouvais aller. Très souvent, on vous dit d’essayer la plus prestigieuse. C’est ce que j’ai fait, mais je me demandais surtout ce que je voulais faire comme métier, de mes journées.

« En tant que femme, je voulais être l’égal de l’homme et je me suis dit que fonctionnaire, c’était bien, poussée aussi par mes parents, et par hasard, je suis tombée sur une plaquette d’informations qui faisait la promotion du métier de contrôleur aérien »

 

Quel a été votre parcours pour arriver à ce métier ?

J’ai fait un bac S et une classe prépa. J’ai été prise à l’ENAC (Ecole Nationale de l’Aviation Civile), la formation dure 3 ans et délivre un diplôme d’ingénieur. Cette formation est coupée en deux parties. L’apprentissage théorique se fait sur un an et demi, il y a aussi de la pratique sur simulateur. A la fin des 18 mois, on est affecté dans son futur centre de contrôle et on commence la formation pratique sur le terrain.

 

Avez-vous déjà effectué des stages ?

Pendant la formation, il y a un stage de pilotage, on apprend donc à piloter,  un stage dans une tour de contrôle et un stage à l’étranger pour perfectionner son anglais. Dès qu’on rentre à l’ENAC, on s’engage à rester dans la fonction publique pendant un certain nombre d’années. On continue notre entraînement pour avoir ce qu’on appelle notre qualification dans le centre et une fois qu’on est qualifié (la durée totale pour obtenir cette qualification dure 3-4 ans), on exerce de façon autonome notre métier de contrôleur aérien.

 

Quand vous avez passé le concours, y-avait-il beaucoup de filles ?

On était à peu près 20% de filles dans la promo. Ensuite à Orly, il se trouve que c’est un centre assez féminin. Nous étions quasiment 50/50.

 

Avez-vous rencontré des difficultés ou des freins pendant la formation et après ?

Non, mais il peut y avoir des personnes plus âgées qui ne voient pas d’un très bon œil qu’il y ait des femmes dans ce métier mais c’est quand même de plus en plus rare. J’ai eu trois enfants et cela n’a pas posé de problèmes, je me suis arrêtée, je suis revenue et j’ai eu une suite de carrière tout à fait normale.

 

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre métier ?

Le fait que ce soit un métier à responsabilité, on se sent acteurs de première ligne parce qu’on doit prendre des décisions constamment et très rapidement.

« J’aime beaucoup aussi l’entraide et l’esprit d’équipe. J’aime le côté magique d’Orly, cette ambiance d’aéroport. »

Chaque jour, quand je venais travailler, j’avais cette vue au loin de la tour de contrôle que ce soit très tôt le matin ou tard le soir, sous la neige ou la pluie, c’est très beau. En fait, je me suis totalement fondue dans ce milieu alors qu’au départ je n’étais pas passionnée par les avions. J’ai développé tout au long de ma carrière le relationnel, le facteur humain compte beaucoup pour moi plus que le côté purement technique. Je préfère comprendre ce qui se passe dans la tête d’un contrôleur, comment résoudre un conflit et tout ce qui est lié au travail en équipe.

 

Quelles qualités faut-il pour exercer votre métier de contrôleuse aérienne ?

Il faut d’abord être bon en mathématiques et en anglais pour pouvoir passer le concours. Pour exercer le métier, il faut savoir prendre des décisions rapidement, avoir du sang froid, aimer le travail en équipe et accepter de travailler en horaires décalés.

 

Vous arrivez à concilier vie privée et vie professionnelle ?

« Oui, cela m’a paru facile, j’ai pu concilier une vie de mère de famille avec trois enfants parce que j’avais beaucoup de jours de repos et que j’étais quasiment tous les jours à la sortie de l’école. »

C’est vrai que c’est plus fatiguant de travailler en horaires décalés mais cela offrait l’avantage d’avoir du temps libre.

 

Y-a-t-il des possibilités d’évolution ?

Il y a en effet des possibilités de mutation géographique puisqu’on est fonctionnaire et nous accumulons au fur et à mesure de l’ancienneté. Quand on est jeune, on commence souvent en région parisienne puis il y a des possibilités de mutation en province. C’est comme cela que je suis arrivée sur Toulouse. On peut aussi prétendre à des postes plus administratifs, d’encadrement ou de recherche.

 

Quel conseil donneriez-vous aux filles qui veulent exercer votre métier ?

« Les filles, foncez !  Ce métier est ouvert à tous, il n’y a aucune appréhension à avoir. »

Il faut s’accrocher au moment des études, il n’y a pas beaucoup de places de contrôleur avec la règle de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Si vous ne réussissez pas le concours de contrôleur aérien ICNA ? Il ne faut pas lâcher mais je vous conseille d’essayer de passer d’autres concours, pourquoi pas celui de technicien de l’aviation civile ?

Et ensuite c’est plus facile, une fois qu’on est rentré dans la maison, de passer des concours internes si on est très motivé pour accéder au métier d’ingénieur du contrôle aérien. Il faut bien se renseigner sur toutes les filières qui existent pour entrer par d’autres biais.  C’est vraiment un métier qui m’a donné envie de faire comme un homme, une carrière technique et d’ingénieure et de pouvoir fonder une famille en parallèle. Je n’ai pas l’impression de négliger ni l’un ni l’autre.

 

Est-ce que l’ENAC recrute beaucoup de femmes ?

Pas tant que cela en fait. Elles doivent représenter 25%. Il y a peut-être un manque d’informations sur le métier.


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