David est trésorier, il voulait travailler dans le marketing mais les cours de finance lui ont fait changer d’avis

07/11/2017 Partager sur

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Pouvez-vous expliquer en quoi consiste votre métier de trésorier ?

Le métier de trésorier varie en fonction de la structure dans laquelle il travaille.

«Il peut exercer son métier dans une PME, une multinationale ou une banque.»

S’il travaille dans une petite entreprise, les activités y sont en général moins sectorisées que dans une entreprise internationale ou dans une banque (ce que je fais). Pour ma part, je m’occupe des projections de trésorerie, cela consiste à rassembler l’ensemble des données sur les entrées et les sorties de cash que l’on prévoit. Par exemple, pour le cash entrant on mettra les ventes que l’on prévoit de faire sur les mois prochains, et pour les sortie de cash, on mettra les salaires que l’on va payer aux salariés et les factures qu’on prévoit de payer. Ainsi certains flux sont connus à l’avance parce qu’ils sont contractuels (comme les salaires des employés, ou des factures à régler déjà signées), et d’autres flux sont des projections, par exemple les ventes que l’on projette de faire sur l’année. Le net de l’ensemble de ces flux projetés sur plusieurs mois nous donne la position de trésorerie nette de l’entreprise. Si la trésorerie est projetée « négative » dans le future, cela signifie que l’on devra emprunter sur les marchés financiers. A l’inverse, si l’on projette d’avoir plus de trésorerie que l’on a besoin, on envisagera de placer ce surplus de cash sur les marchés pour chercher à rentabiliser la trésorerie.

L’autre responsabilité du trésorier est la couverture des risques financiers que l’activité de l’entreprise peut engendrer notamment le risque de change, lorsqu’elle a une activité dans un pays avec une autre devise que la sienne, et le risque de taux, lorsqu’ elle a des emprunts à taux fixe.

Et concrètement, si vous deviez décrire les principales tâches que vous effectuez au cours d’une journée type ?

Le matin, je regarde par rapport à la projection de trésorerie que l’on a, les flux qu’on pense recevoir dans la journée et le solde de trésorerie qui a été projeté à la fin de la journée. Il se peut que le solde projeté soit négatif, et dans ce cas on sait que l’on va devoir emprunter pour ne pas être négatif, sinon on est en cessation de paiement. C’est le rôle du trésorier d’éviter cela. Il faut avoir en tête dès le matin, les différents flux qui vont arriver au cours de la journée, et contrôler ceux qui arrivent pour pouvoir gérer l’emprunt ou le placement qu’on doit faire.  Ensuite, je travaille sur ces projections que nous faisons en général à 12 mois. J’ai aussi un œil sur les marchés financiers, parce que nous sommes très exposés aux mouvements de taux et de change. Pour cela, nous avons des outils tels que Bloomberg et Reuters qui sont les deux plateformes principales d’information et de traitement d’opérations financières. Nous les utilisons aussi pour communiquer entre différentes banques, parce que pour réaliser ces opérations financières, nous pouvons  avoir besoin de les faire avec d’autres banques. En fin de journée, nous clôturons la trésorerie en lien avec les personnes gérant le back office qui réalisent les flux financiers.

Travaillez-vous en équipe et quels sont vos horaires de travail?

Au sein de l’équipe trésorerie nous sommes deux personnes et nous travaillons effectivement en équipe. Tous les matins, nous savons ce que nous avons à faire, nous faisons un point sur les différentes tâches à réaliser et nous nous les répartissons. Si l’une des deux personnes a une tâche à effectuer sur plusieurs jours, l’autre gère les opérations courantes de la journée.

Concernant les horaires, j’arrive à 8h30 le matin car les marchés financiers ouvrent à 9h. Il faut donc être là un peu avant pour s’installer et être opérationnel à 9h. Je termine ma journée vers 18h car les marchés ferment entre 17h45 et 18h.

Quel a été votre parcours et votre formation pour arriver au métier de trésorier ?

J’ai fait un bac S puis une école de commerce post-bac, l’EMLV (Ecole de Management Léonard De Vinci).

«Initialement, je voulais travailler dans le marketing, mais les cours de finance m’ont fait changer d’avis.»

Je n’y connaissais pas grand-chose en dehors de l’aspect un peu ennuyeux, la compta, … Mais les cours de finance de marché en troisième année m’ont plu, et je me suis plus renseigné sur les métiers dans ce secteur. Je ne me suis pas tout de suite arrêté sur un métier mais je savais que j’allais me diriger vers la finance de marché. Donc j’ai fait un master 1 en finance et un master 2 finance corporate (finance d’entreprise). J’ai ensuite fait un autre master spécialisé après ce M2, à l’ESLSCA en finance de marché, sur un an. J’ai effectué lors de ce master un premier stage en finance de marché, chez Natixis, dans une équipe de vendeurs d’actions. J’y ai découvert l’univers de la salle de marché, un énorme open space. Puis, j’ai eu l’opportunité de venir au Crédit Foncier de France, au sein de l’équipe trésorerie.

Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier de trésorier ?

J’aime mon métier parce que mes journées sont bien remplies et motivantes. C’est très stimulant de surveiller en permanence le marché, de remarquer quand il y a des évolutions, essayer de comprendre pourquoi. J’aime être en contact avec l’ensemble de la direction. Nous récupérons chaque mois des informations de toutes les directions pour faire nos projections, afin d’avoir une vue d’ensemble sur la banque, son évolution, sa stratégie. C’est un vrai challenge de mettre en place des stratégies en fonction des ratios réglementaires que l’on doit surveiller, et d’autres éléments qui doivent être à un certain niveau.

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Quelles sont les qualités à avoir pour devenir trésorier ?

Il faut des qualités d’analyse, bien avoir en tête toutes les données que l’on a pour pouvoir visualiser les projections.

«Etre à l’aise avec les chiffres est capital bien sûr mais vous n’avez pas besoin d’être un as du calcul mental car nous utilisons des outils comme Excel.»

Autant c’est important en trading, mais en trésorerie c’est un peu plus « posé ». Il faut être résistant au stress, car j’occupe un post de front office dans la salle des marchés, donc je dois être réactif que ce soit pour traiter des opérations sur les marchés ou des opérations financières.

S’il y avait quelque chose à changer dans votre métier, ce serait quoi ?

En fait, je dirai plutôt qu’il y a une intégration de plus en plus importante des systèmes informatiques, des logiciels qui sont de moins en moins chers et de plus en plus performants. C’est une évolution du métier. Il ne faudra plus forcément masteriser les projections mais plus l’outil en lui-même et savoir rentrer les bonnes données dans le logiciel.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut exercer votre métier ?

Cela dépend du type d’entreprise dans lequel le jeune va travailler. Dans une petite ou moyenne entreprise par exemple, une évolution vers un poste de directeur financier est beaucoup plus envisageable car on a une vision de la comptabilité, de la gestion financière. Je lui conseille pour cela de suivre une formation en finance d’entreprise. Et pour les personnes qui travaillent déjà en tant que comptable par exemple, il existe des formations spécialisées trésorerie, notamment à l’AFT (Association Française des Trésoriers d’entreprise).

Vous voulez échanger par mail avec David, trésorier au Crédit Foncier de France ? RDV sur son profil JobIRL

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