« Transmettre la culture d’entreprendre », une priorité pour Béatrice Vianney-Galvani, Déléguée Générale, 100 000 entrepreneurs

08/03/2017 7 minutesPartager sur

Béatrice fait partie de la communauté #LesIntrépides, ces femmes qui évoluent dans des secteurs qui manquent des talents féminins !

100000 entrepreneurs

Pouvez-vous expliquer votre parcours aux 14-25 ans ?

J’ai rejoint 100 000 entrepreneurs il y a 5 ans avec pour objectif de faire grandir l’association et de dupliquer ses actions sur l’ensemble du territoire. J’ai un parcours atypique, j’ai fait un DEA de droit en propriété intellectuelle et j’ai passé l’examen du barreau de Paris. Puis j’ai été avocate pendant une dizaine d’années dans le domaine de la propriété intellectuelle. J’ai été collaboratrice puis à mon compte. A un moment, j’ai souhaité changer, comme cela arrive fréquemment dans la vie professionnelle. Je voulais porter des projets fédérateurs. J’ai donc rejoint le secteur associatif.

J’ai d’abord dirigé pendant cinq ans un club d’entrepreneurs, le « club Horizon », j’ai monté un projet solidaire qui s’appelle « 100 000 rencontres solidaires » qui met en relation des demandeurs d’emploi longue durée avec des collaborateurs d’entreprise, pour les coacher, les aider dans leur recherche d’emploi. Le projet existe toujours aujourd’hui. Après cinq ans, j’ai voulu rejoindre un projet plus structuré  à faire grandir. Philippe Hayat, le Président Fondateur de 100 000 entrepreneurs cherchait à ce moment-là son nouveau DG, je l’ai rejoint.

100000 entrepreneurs

Aujourd’hui, vous êtes Déléguée Générale chez 100 000 Entrepreneurs, vous gérez une équipe, comment ça se passe au quotidien ?

Le métier de Délégué Général au sein d’une association est en fait un métier multifonctions, je suis à la fois une dirigeante puisque j’ai avec moi neuf collaborateurs, je fais la stratégie de l’association, je m’occupe du financement, de la levée de fonds : tous les ans je dois aller chercher le budget de l’association auprès de partenaires financiers, publiques etc…. Je suis à la fois financière, rh, je supervise la communication, et j’assure aussi la représentation de l’association auprès des pouvoirs publics, les ministères, les rectorats, et différents partenaires académiques. J’ai des délégués régionaux et des chargés de mission qui assurent la représentation de l’association au niveau régional.

Quelle est la mission de 100 000 entrepreneurs ?

« Notre mission est de transmettre l’esprit et l’envie d’entreprendre aux jeunes. »

Il y a plusieurs associations qui travaillent sur cette thématique et 100 000 entrepreneurs est la première brique du dispositif de la sensibilisation à l’entrepreneuriat. Nous organisons des interventions d’entrepreneurs dans les classes auprès des jeunes de 13 à 25 ans. Nous croyons en la valeur de l’exemple. Nous pensons que les jeunes qui vont écouter des professionnels vont être interpellés et vont s’interroger sur leur choix d’orientation, leurs talents, leurs envies et que cela va les motiver.

La sensibilisation à l’esprit d’entreprendre comporte toute une composante d’acteurs, 100 000 entrepreneurs est le premier dispositif, celui qui donne le déclic. Nous travaillons conjointement avec d’autres associations, qui vont mettre en place des projets plus sur le long terme tels que des projets de mini-entreprise comme l’association EPA, Entreprendre Pour Apprendre ou l’association JobIRL, qui permet d’échanger concrètement sur les métiers et ses choix d’orientation.

 

Avec combien d’établissements travaillez-vous ?

En 2015-2016, nous avons organisé plus de 2100 interventions en établissement, ce qui fait une moyenne de 60 000 jeunes rencontrés dans plus de 900 établissements. Depuis la création de l’association, nous avons sensibilisé plus de 350 000 jeunes. Le pari de la démultiplication de nos actions qui était le mien il y a cinq ans, quand j’ai rejoint Philippe Hayat pour faire grandir l’association, est en train de se réaliser.

« Aujourd’hui, notre ambition est de déployer nos interventions dans toutes les classes. La relation école-entreprise doit s’amplifier, pour cela, il faut une vraie volonté nationale. »

Nous démarrons dans les classes de 4ème jusque dans le supérieur. Le collège représente 35%, le lycée environ 50%, et l’enseignement supérieur, 15% l’année dernière. D’une année sur l’autre, les pourcentages peuvent varier, la part du supérieur est parfois plus importante.

 

Pouvez-vous définir le terme entrepreneuriat et quels sont ses enjeux aujourd’hui ?

L’entrepreneuriat dans la définition de 100 000 entrepreneurs, est le fait de porter ses projets, et de faire de son talent un choix de vie. Au niveau professionnel, concrètement, cela aboutit à la création d’une entreprise, ou d’une association, ou au fait de porter et développer ses projets au sein d’une entreprise (développer un produit, ouvrir une business unit, ou tout simplement gérer des équipes si c’est cela notre talent). L’entrepreneuriat pour nous a donc un sens très large.

Concernant la création d’entreprise stricto-sensu, cela peut prendre des formes très variées. On peut créer son entreprise en étant autoentrepreneur, en étant artisan commerçant, profession libérale, etc. Ce qui est important au départ, c’est d’identifier nos envies et nos talents ; d’être persévérant et travailleur. Si nous excellons dans des domaines qui nous intéressent, l’idée viendra après. Si on n’a pas d’idée mais qu’on veut absolument créer une entreprise, on peut aussi s’entourer de gens qui auront des idées. L’aventure entrepreneuriale est avant tout une aventure collective.

 

L’entrepreneuriat a-t-il une place dans le système éducatif français ?

Il a une place puisque nous arrivons à développer nos actions avec d’autres acteurs mais nous passons beaucoup de temps à essayer de rentrer dans les établissements. Or, il y a une vraie appétence aujourd’hui des jeunes à vouloir créer leur entreprise. De plus en plus d’écoles de commerce et d’ingénieur développent leur incubateur, leur chaire entrepreneuriale.  A l’université, avec la mise en place du statut étudiant-entrepreneur, l’entrepreneuriat se développe également. Pour rappel, le statut étudiant-entrepreneur a été créé à la suite des Assises de l’entrepreneuriat qui ont eu lieu en 2013. C’est une belle avancée mais on en est au début .

Quelle place ont les filles aujourd’hui dans l’entrepreneuriat ?

« Il y a environ 30% de femmes entrepreneures. Néanmoins, ces dernières se concentrent dans certains secteurs notamment les services, et il n’y a pas suffisamment de femmes entrepreneures dans les entreprises d’innovation ou le numérique. »

Néanmoins, il y a une prise de conscience qu’il faut promouvoir l’entrepreneuriat au féminin et avec les nouvelles générations, ces statistiques vont changer. C’est pour cela que nous avons mis en place la Semaine de sensibilisation à l’entrepreneuriat féminin qui a lieu du 5 au 16 mars 2018, pour permettre ce changement. Si on veut qu’il y ait plus de femmes entrepreneures, il faut aller les sensibiliser dès le plus jeune âge parce que les jeunes filles beaucoup plus que les jeunes hommes ont besoin d’être rassurées, de s’identifier à travers des modèles féminins, et l’identification est plus forte quand on rencontre quelqu’un du même sexe.

 

Quels sont les avantages et les risques de se lancer dans l’entrepreneuriat ?

Se lancer dans l’entrepreneuriat c’est créer un métier qui nous ressemble et c’est l’opportunité d’avoir une plus grande liberté. Quand on est jeune, les risques sont moindres, il y a tout intérêt à se lancer rapidement. On n’a pas encore de charge de famille, on peut rester chez papa et maman, être pris en charge et se lancer à 100% dans son projet. Toutefois, les inconvénients peuvent être financiers quand on crée son entreprise. Il peut se passer plusieurs mois, plusieurs années avant d’être payé. Il faut être patient, ce qui n’est pas toujours possible, il peut être parfois utile de commencer à travailler, d’acquérir une certaine expérience et se lancer ensuite.

 

Quel conseil donneriez-vous à un jeune qui veut être entrepreneur ?

Je lui conseille de s’entourer, ne pas rester dans son coin, il faut aller voir les pépinières, les incubateurs, les réseaux d’accompagnement. En fait, une entreprise qui se crée et qui est accompagnée, a plus de chance d’être viable au bout de trois ans que lorsqu’elle n’est pas accompagnée. Le fait aussi d’être à plusieurs permet de confronter ses idées, de prendre du recul, de s’améliorer, de changer les choses au bon moment, c’est cela aussi l’entrepreneuriat, et au final, le projet initial est souvent différent. J’invite les jeunes à regarder le site de l’Agence France Entrepreneur pour connaître les réseaux d’accompagnement dans leur région.

 

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