Marion, éducatrice spécialisée, est confrontée à la force et à la fragilité de l’être humain

25/07/2018 5 minutesPartager sur

Marion Bonnal exerce dans un centre médico-psychologique pour enfants et adolescents.

Maman de deux garçons de 6 ans et 15 mois, la jeune femme mène de front ses deux vies, sans jamais regretter son choix professionnel.

En quoi consiste exactement votre métier d’éducatrice spécialisée ?

Considérée comme travailleur social, j’accompagne des enfants et des adolescents qui rencontrent des problèmes d’ordre psychologique ou psychiatrique. Qu’il s’agisse de troubles autistiques ou du comportement, de phobies scolaires et autres, de difficultés sociales, familiales ou d’insertion, j’interviens sur le factuel.

« Mon rôle est de comprendre pourquoi ils souffrent et de les aider à mettre des mots sur leurs maux. »

Le but étant de, progressivement, contribuer à leur épanouissement personnel, pour qu’ils deviennent autonomes, via des ateliers éducatifs et thérapeutiques divers, des jeux de rôles appelés ateliers de psychodrame et des entretiens familiaux ou individuels.

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L’éducatrice spécialisée est un des maillons d’une équipe médico-socio-éducative qui prend en charge toute personne en difficulté.

Je peux aussi être amenée à faire de la guidance parentale.

Il s’agit souvent de parents totalement dépassés, qui n’ont pas su poser des limites à leurs enfants et qui n’y arrivent plus et tout le monde est en souffrance; ou de futures mamans qui ont eu des histoires de vie très compliquées et pour lesquelles la grossesse ne va pas de soi. Dans ce cas il s’agit d’aider la mère et de protéger le bébé à venir.

 

Quelles sont les compétences humaines et techniques requises pour l’exercer ?

C’est indispensable d’être personnellement solide pour accompagner toutes ces personnes qui vivent des instants extrêmement douloureux.

L’empathie et la disponibilité sont également de mise. Et quand on évolue dans une équipe pluridisciplinaire, il faut aimer travailler en groupe, accepter et entendre les avis de chacun. Cela demande aussi d’être à la fois rigoureuse, organisée et souple pour s’adapter aux autres et gérer un emploi du temps en commun.

 

Comment êtes-vous arrivée dans ce domaine du social ? Et quelle formation avez-vous suivi ?

Mes deux parents sont infirmiers psychiatriques. Toute petite j’ai donc baigné dans cette ambiance. Après un bac scientifique, je me suis dirigée vers une université de psychologie. Sans doute trop jeune, trop libre, pas encore suffisamment autonome, j’ai abandonné au bout de deux ans.

J’avais besoin d’une structure plus encadrée, avec une formation à la fois théorique et pratique. Voilà comment j’ai tenté le concours pour intégrer une des écoles qui préparent au Diplôme d’État d’Éducateur Spécialisé (DEES) & Licence intégrée sciences sanitaires et sociales. J’ai été acceptée à l’Institut Régional du Travail Social de Montrouge.

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En trois ans de formation, au fil des différents stages, je n’ai jamais regretté ce choix, bien au contraire. La clef de la réussite c’est d’être passionnée.

« Le contact, le relationnel, travailler auprès de l’être humain c’est ce qui me motive tous les jours. On est confrontée à la fois à son côté fragile et à toutes ses forces qu’il ignore. »

Et quand enfin il les découvre et avance dans la vie, c’est vraiment gratifiant.

 

Dans cet univers quels sont, selon vous, les nouveaux postes de demain prometteurs qui vont permettre d’évoluer dans sa carrière ?

Dans la fonction publique hospitalière, pas dans le privé, les éducateurs spécialisés peuvent passer le certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale (CAFERUIS).

Un diplôme qui offre la possibilité de devenir cadre et de manager des équipes d’aides-soignants, d’aides médico-psychologique et d’éducateurs spécialisés ; ou dirige vers un poste de responsable de foyer d’accueil non médicalisé.

 

Est-ce que la fonction d’éducatrice spécialisée vous amène à vous déplacer ?

Je me promène pas mal en Ile-de-France quand j’accompagne des adolescents déscolarisés dans des CIO à la recherche d’une formation particulière, quand ils souffrent de phobie des transports pour les réadapter ou lorsqu’il faut les emmener sur leur lieu de scolarité et qu’ils n’y arrivent pas seuls.

« Ce n’est pas un poste sédentaire et chaque jour est une nouvelle aventure. »

 

En début de carrière combien gagne-t-on en moyenne? Et le salaire est-il exponentiel ?

Un débutant gagne 1 500 € net dans le privé pour atteindre 2 200 € en fin de carrière. Dans le privé ce n’est guère mieux, soit environ 1 700 € et 2 500 €. Personnellement, en dix ans, j’ai été augmentée de de 200 €.

« On ne fait pas ce métier pour l’argent ! »

 

Comment concilier au mieux vie professionnelle et vie privée ?

Quand on exerce dans un CMP, les horaires sont réguliers. Ce qui permet facilement de concilier les deux. En revanche, en foyer avec internat, il faut souvent assurer la nuit et le week-end. C’est d’ailleurs un secteur où il y a beaucoup de turn-over et donc pas mal de postes à pourvoir…

Volontairement j’ai choisi la première solution pour être plus disponible dans la gestion de ma vie de famille. Mais question charge émotionnelle, c’est une autre histoire.

Je profite donc de mon temps de transport pour appeler les collègues, gérer les problèmes de la journée et décharger tout ce que j’ai sur le cœur. Et comme mon compagnon ne comprend pas vraiment ce que je fais, je ne parle généralement jamais de mes préoccupations professionnelles à la maison.

 

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