Matias, responsable d’incubateur de startups, un métier innovant !

09/05/2017 Partager sur

Matias, passionné de numérique, est responsable d’incubateur de startups à la Mêlée. La Mêlée est une association centrée sur le secteur du numérique en Occitanie, qui a aussi initié la création de la Cantine qui est un espace de coworking, un lieu d’échanges et de rencontres où vous pouvez retrouver Matias. Il a accepté de répondre à nos questions et nous fait part de son quotidien.

En quoi consiste ton métier ?

Je suis un accompagnateur de start-ups. J’aime me présenter comme un créateur de coïncidences et un entre deux entre les porteurs de projets innovants et les opportunités qui se présentent à eux. Je gère actuellement le Starter qui est un programme de pré-incubation.

Et concrètement si vous deviez décrire les principales tâches que vous effectuez au cours d’une semaine type ? 

Il n’existe pas vraiment de journée type dans mon travail. Mais dans une semaine type, je fais beaucoup de rencontres et de mises en relation. Mon métier suppose de consacrer du temps à l’écoute des attentes et des besoins des porteurs et porteuses de projet. Le rédactionnel est aussi une tâche quotidienne (rédaction de mails, de dossiers, d’offres…). Je suis également chargé de la logistique événementielle pour organiser les rencontres. Cela consiste à préparer des événements pour valoriser les startups, leur faire de la communication et améliorer leur visibilité. Pour cela il peut y avoir des événements de deux types :

  • Les événements grand public : des séances de pitch (le pitch consiste à présenter et à vendre son concept en très peu de temps avec très peu de mots), du testing d’applications de plateformes, de prototypes en live…
  • Les événements plus confidentiels : il s’agit de rendez-vous qualifiés, de rencontres avec des investisseurs ou grands groupes. Dans ce cas il peut y avoir plusieurs formats : du face à face jusqu’au gros événement de 50 à 100 personnes pour créer du business et favoriser l’action réelle, au-delà du réseautage.

Enfin mon métier suppose de favoriser au maximum les échanges, les relations et de « réseauter ».

Quel a été votre parcours scolaire pour arriver à ce métier ?

Je suis issu d’un baccalauréat Economique et Social. J’ai poursuivi mon cursus par un BTS communication. J’ai ensuite travaillé pendant 3 ans. J’ai commencé sur le marché du travail en tant que distributeur de magazines et j’ai fini responsable commercial presse de ces magazines. Il s’agissait d’un travail dans la régie publicitaire presse.

J’ai passé 1 an en tant qu’intermittent du spectacle. J’étais musicien professionnel, batteur. Ensuite j’ai repris les études et j’ai effectué une licence médiation culturelle. Après l’obtention de cette licence, je suis parti vivre au Canada pendant 2 ans, où j’ai travaillé en tant que Community Manager principalement et dans la construction.

A mon retour en France j’ai monté une régie publicitaire radio pour le compte de 12 radios associatives en Normandie. J’ai travaillé pour cette régie durant 3 ans. J’ai ensuite repris mes études pour faire un master en communication.

Depuis maintenant 3 ans, je suis en charge du programme d’incubation des startups à la Mêlée. Le choix d’intégrer la Mêlée n’est pas un hasard. En fait, mon demi-frère travaillait dans l’équivalent de la Mêlée à Paris et il m’a expliqué son travail. Je me suis alors rendu compte qu’il s’agissait d’un écosystème dans lequel on n’a pas de poste fixe, dans lequel on fait beaucoup de rencontres de porteurs de projets passionnés qui veulent révolutionner le monde. Je me suis donc renseigné sur ce qui pouvait exister à Toulouse et j’ai découvert la Cantine. Je me suis dit que c’était la porte d’entrée dans cet univers. Je trouve d’ailleurs que c’est un univers assez similaire à celui de la musique. On retrouve beaucoup d’entraide, de contact, de solidarité entre les entrepreneurs, qu’ils soient naissants ou confirmés.

Quelles sont pour vous les qualités requises pour exercer votre métier ?

La première des qualités à avoir est le relationnel qui inclut des bonnes capacités rédactionnelles, orales, communicationnelles. Il faut savoir transmettre ses idées, exprimer ses concepts, savoir amener des gens avec toi sur un projet. Il faut faire preuve d’esprit de synthèse et d’esprit d’à-propos, savoir rebondir, réfléchir vite et challenger.

La remise en question est aussi très importante car on n’est pas forcément expert dans tous les domaines donc il faut savoir se remettre en question sur ses propres connaissances. Cela suppose d’avoir de l’humilité, c’est-à-dire d’admettre qu’on ne peut pas tout savoir.

Il ne faut pas hésiter à se former et s’autoformer. Ceci est en lien direct avec la grande qualité qu’il faut avoir : l’écoute de tout type de personnes. Même une personne qui n’est pas experte dans son domaine peut toujours nous apprendre quelque chose. Il faut aussi être à l’écoute des raisons d’un échec comme celles d’un succès. Parfois on met en œuvre des actions qui ne connaissent pas un succès, mais il faut savoir persévérer et ne pas abandonner.

Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier ?

C’est le rythme de travail très agile, flexible et personnalisé. Je ne travaille jamais sous contrainte, ce qui n’est pas toujours le cas dans le monde du travail. Je suis toujours très heureux de revenir travailler le matin, ce qui est quelque chose de très précieux.

Ce que j’aime aussi dans mon métier, ce sont les rencontres. Tous les jours je rencontre au moins un porteur de projet qui a un projet d’entreprise et qui est animé par la passion plus que par la raison. C’est d’ailleurs mon cœur de métier qui suppose que je remette les pieds sur terre à des entrepreneurs qui sont parfois trop passionnés et qui ne se rendent pas compte des difficultés. L’intérêt est de leur faire garder la flamme qui les anime, de ne pas les démotiver et de les porter le plus haut possible.

On peut comparer l’incubation à un studio de répétition qui a aussi une salle de concert. Un groupe de musique va chercher un endroit pour répéter, il a besoin de faire ses gammes, et il a un style propre. Tout comme un groupe de musique, un porteur de projet a besoin d’un endroit où travailler et de rencontrer des personnes qui ont d’autres compétences pour compléter celles déjà existantes.

Le but de la Mêlée est alors de l’amener à se métisser en lui faisant rencontrer un développeur web, un prototypeur, quelqu’un qui travaille sur les objets connectés… De la même manière, les groupes de musique de rock vont parler avec ceux qui font du hip hop, du métal, du classique, etc… Il s’agit d’un enrichissement professionnel. On va parfaire son répertoire. Nous on est là en tant qu’expert dans l’entreprenariat, c’est-à-dire que nous avons des compétences dans la création d’entreprise donc on en fait bénéficier le jeune startuper. On donne aussi accès à un lieu qui va permettre de se faire connaître, via des conférences, des meetings, etc…

J’aime vraiment cette capacité d’action à tous les niveaux. Je suis complètement maître des projets que je mène : de l’idée qui peut paraître absurde ou très rationnelle, jusqu’à la réalisation et jusqu’à son succès on l’espère !

Si vous aviez quelque chose à changer dans votre métier, ce serait quoi ?

Si je devais changer quelque chose, j’accorderais plus de temps pour accompagner les startups et moins à l’événementiel. L’événementiel demande beaucoup d’investissement en temps mais cela est nécessaire pour faire connaître et faire grandir les startups.

On travaille aussi actuellement au changement de la capacité financière qui dépend du business model de notre programme d’incubation. Actuellement notre programme d’accompagnement est gratuit, mais plus d’argent confère plus de moyens à l’action. Cela permettrait de donner une expertise plus approfondie et non pas d’accompagner mais de coconstruire les projets. On aimerait devenir un programme de co-construction et non pas seulement d’incubation.

Avez-vous une anecdote à raconter aux jeunes ?

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, beaucoup de porteurs de projets qui ont créé leur entreprise n’ont aucun niveau d’études. Je connais par exemple une personne qui est à la tête d’une entreprise de 15 salariés et qui n’a même pas le brevet. Les porteurs de projet qui n’ont pas le niveau d’études ont d’ailleurs de très bonnes idées et concepts ! La plupart des gens très créatifs ne sont pas forcément ceux ayant un doctorat, un master…

En même temps, on voit aussi des projets issus de laboratoires de recherches, de doctorants qui effectuent des recherches depuis des années et qui mènent des projets très innovants. Une personne dans ce cas a par exemple récemment proposé un remède contre l’asthme. Généralement les laborantins ont de très grandes idées et de vraies applications dans le concret surtout dans le domaine de la santé. D’un autre côté il y a des personnes très créatives, motivées et motivantes et qui n’ont pas forcément les compétences requises.

Les deux arrivent à s’en sortir et à mener leur projet. D’ailleurs, le moment où il y a le plus de synergie, c’est lorsque ces deux univers se rencontrent. A la Cantine, ce n’est pas rare d’avoir dans la même salle, par les événements qu’on organise, un directeur d’innovation, un thésard laborantin et un chômeur sans niveau d’études. Les 3 personnes peuvent communiquer d’égales à égales. C’est comme en musique, on juge à la valeur et à la motivation, à ce que tu peux apporter à l’industrie musicale d’un côté, et de notre côté à l’écosystème numérique.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui veut faire votre métier ?

Si je devais donner un conseil, je dirais qu’il faut s’alimenter culturellement à tous les niveaux : lire, aller au cinéma, écouter de la musique… Par exemple le cinéma est annonciateur de grandes mouvances technologiques, c’est donc intéressant de faire le lien permanent entre l’imaginaire du cinéma et ce que peut faire la technologie.

Il faut sortir, parler, réseauter, s’alimenter de tout ce qu’on peut, ne pas hésiter à passer la porte, à discuter, à échanger, à dire ses idées même si elles paraissent stupides !

Enfin, si on a une idée, qu’on nous dit que cela ne fonctionnera jamais, c’est souvent bon signe et cela signifie qu’il faut foncer et persévérer.

 

Si vous avez d’autres questions n’hésitez pas à contacter Matias ou d’autres pros du secteur Direction Générale, Stratégie, Conseil, Organisation en vous inscrivant sur JobIRL :inscription

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