Interview acheteur public : Laurent vous parle de son métier

26/04/2016 Partager sur

Laurent, acheteur public a répondu à nos questions sur le quotidien de son métier et son parcours. Découvrez ci-dessous notre interview sur le métier d’acheteur public :

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  • Pouvez-vous nous présenter votre entreprise ?
L’établissement public de sécurité ferroviaire est un établissement public national placé sous tutelle du Ministère des Transports. Il a été créé en 2006 suite à l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de marchandises sur le territoire français. L’ouverture à la concurrence se poursuit pour le transport de voyageurs jusqu’à l’horizon 2019. Chaque Etat de l’union européenne doit avoir une agence personnelle de sécurité pour assurer la sécurité d’exploitation des transports. A terme, cela correspond à une libre circulation des trains dans tous les Etats de l’Union Européenne.

  • Pouvez-vous expliquer aux jeunes en quoi consiste votre métier ? 

C’est un métier qui s’exerce pour le secteur public. Acheteur public ou Responsable marché public (administration d’Etat, collectivités territoriales, hôpitaux, etc..) est un métier qui englobe trois compétences à savoir :

– Il faut savoir communiquer avec les services internes, les administrations et les services demandeurs.

 – Il faut avoir des connaissances en droit car les procédures d’achat sont réglementées par le code des marchés publics et différents textes réglementaires.

– Une capacité d’analyse, il faut savoir faire des économies, les modéliser, planifier les dépenses et analyser les écarts entre les budgets prévisionnels et les dépenses réalisées.

Il y a beaucoup de communication en interne avec les services demandeurs car nous répondons à leurs besoins. Mais aussi beaucoup avec l’extérieur, notamment avec les fournisseurs et les prestataires de services. C’est un métier tourné vers la pratique dans la vie de tous les jours, c’est en ça qu’il a du sens.

  •  Et concrètement, si vous deviez décrire les principales tâches que vous effectuez au cours d’une semaine type ?

Les activités sont axées sur ces trois compétences. J’effectue une veille juridique à assurer régulièrement, sur l’évolution des textes, passant des pratiques à la jurisprudence. Je fais un recensement des besoins qui se fait en direct auprès des services en interne. Je suis là pour répondre au besoin d’achat de papiers, crayons, ordinateurs, c’est-à-dire tout ce qui contribue au bon fonctionnement de l’établissement. Cela passe aussi par la formalisation de ces besoins par la rédaction des cahiers des charges, et la rédaction des différents contrats.

De son côté, la contrainte analytique est la pour m’inciter à mettre à jour au quotidien tous les tableaux de suivi, les indicateurs des dépenses, les niveaux de consommation pour chaque acte d’achat.

  • Quel a été votre parcours pour exercer le métier d’acheteur public ?

Mon parcours est assez atypique. A l’origine, je suis scientifique. J’ai choisi d’exercer le métier d’acheteur lors d’une première expérience aux approvisionnements dans le secteur médico dentaire pour la sécurité sociale. On peut commencer le métier d’acheteur ou évoluer vers le poste de responsable achat en commençant par l’approvisionnement. Dans toutes les administrations, achat et approvisionnement sont deux fonctions très liées. On peut très bien commencer approvisionneur, magasinier et ensuite se former en interne aux achats puis grimper les échelons.

Il y a aussi des diplômes bien spécifiques. Une Licence Professionnelle « achat public », et différents Masters. En général, pour commencer au niveau d’acheteur, il faut au minimum un bac +3.

On peut commencer en temps que « assistant achat » ou « approvisionneur » avec un bac +2 puis se former par la formation interne ou même la formation continue comme j’ai pu le faire.

C’est une fonction qui a émergé à partir des années 2000, et qui a commencé à se spécifier dans les administrations qui étaient très demandeuses de ce type de poste.

  •  Faut-il une qualité particulière pour exercer le métier d’acheteur public ?

A mon sens, c’est un métier tourné vers le côté concret donc il faut avoir le sens pratique. Il faut à la fois avoir le gout des chiffres puisqu’on est amené à manipuler les données chiffrées, les prix, les budgets au quotidien. Il faut aussi avoir le goût des textes, des lettres puisqu’il faut se tenir informé de l’évolution de la réglementation. Il faut un bon niveau rédactionnel pour rédiger les contrats des marchés et tous les courriers qui gravitent autour de la communication en interne et en externe.

Il n’est pas nécessaire d’être un cador en maths ou en français !

  •  Qu’est-ce qui fait que vous aimez votre métier ?

Le goût du contact au quotidien. On est en permanence à l’interface des services demandeurs puis extérieurs fournisseurs. Il y a une forte composante relationnelle. C’est un métier tourné vers le concret, je vois ce que l’on achète, je me rends compte de la satisfaction des clients en interne car les différents services sont mes clients. Quand ils sont satisfaits, je suis heureux. Je le suis aussi lorsque nos fournisseurs peuvent nous rajouter dans leurs références professionnelles quand le contrat qu’on lui a accordé lui a donné entière satisfaction. C’est cette logique « gagnant-gagnant » qui nous fait lever tous les matins et apprécier le métier. Tout n’est pas forcément rose tous les jours. Il peut y avoir des déceptions et des déconvenues mais la satisfaction des clients me fait aimer ce métier.

  •  Si vous aviez une chose à changer ?

Il faut savoir que c’est un métier qui n’est pas toujours très bien considéré notamment quand il y a des déceptions ou des déconvenues au niveau des achats, d’un budget dépassé. C’est vrai que les métiers purement comptables ou purement juridiques ont plus de considération en entreprise.

Cela est sans doute lié au fait que ces métiers sont moins connectés au concret alors que je suis chaque jour connecté à la vie de tous les jours. Par exemple une qualité de café moins bonne, une fontaine à eau qui ne fonctionne pas, c’est ce genre de chose qui font que ce service est assez exposé. Il faut savoir faire la part des choses. La considération est celle que l’on a par rapport à son propre métier et non celle qu’ont les autres. Il faudrait peut être faire évoluer les mentalités.

En général, nous sommes plutôt bien considérés par les services qui connaissent les difficultés de notre métier. Aussi bien  les services juridique, comptable que les différentes directions. A ce niveau là, il n’y a pas de soucis.

  •  Une anecdote à nous raconter ?

Notre établissement a été créé en  2006 et cela a coïncidé avec la sortie du nouveau code des marchés publics en août 2006. 10 ans après, nous sommes entrain de changer de code. Les textes sont en complète refonte. Des choses vont rester et d’autres vont changer. C’est un nouveau tournant qui s’annonce. Cela correspond bien aux achats. C’est un challenge permanent de s’adapter aux changements d’environnement à la fois juridique, économique, financier. C’est un milieu assez dynamique. Beaucoup de procédures commencent à se dématérialiser, on veut passer au tout électronique. Ce sont des tournants que l’on va devoir aborder. Ce métier est évolutif, il va évoluer dans la pratique.

  •  Un conseil que vous aimeriez donner à un jeune qui veut faire ce métier ?

Avoir le sens du concret. Il ne faut pas se décourager à faire de très grandes études, on peut y arriver par la formation continue si l’employeur joue le jeu également. Il ne faut pas hésiter à bouger car il y a énormément d’administrations en France comme les administrations d’Etat (collectivités territoriales, sécurité sociale). Toutes ces structures sont demandeuses d’acheteurs. Il ne faut pas hésiter à se diversifier et éventuellement changer de région.

Le métier d’acheteur privé existe aussi mais est moins réglementé. On retrouve des composantes qui sont similaires au métier d’acheteur public. Il y a aussi quelques divergences. La composante négociation est beaucoup plus poussée. Beaucoup d’administrations, lorsqu’elles ne trouvent pas sur le marché de l’emploi des acheteurs publics formés ou disponibles, recrutent des acheteurs du secteur privé. Cet acheteur privé qui entre dans le public doit se former à la composante réglementaire. A l’inverse, pour aller du public vers le privée, il faut davantage se former à la négociation.

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